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Le complexe de Reuz/Journal intime

Chapitre 1# Born to be top

Ca y est je me lance, enfin….

J’éprouve le besoin d’écrire, et pour la 1ère fois de ma vie peut être, plus que l’envie. C’est comme Edgar Freemantle dans Duma Key (Stephen king) qui sent son bras droit (amputé) le gratter lorsqu’il DOIT se mettre à peindre ; le besoin est là, il faut que ca sorte. A la différence près que je ne prédis pas l’avenir à travers mon écriture… .

 

Les pensées, les phrases tournent en boucle dans ma tête depuis des années. Je me censurais du fait de mon manque de compétences et de formation  dans le domaine de l’écriture (j’ai toujours écrit comme je parlais) et puis j’ai décidé de m’affranchir de toute sorte de contraintes et de barrières que je me mets systématiquement lorsque j’ai décidé d’agir. Pas pour ne pas faire. Pour faire forcément très bien. Mieux. Toujours mieux. Sinon ce n’est pas la peine.

 

Et puis désormais j’ai le temps. Plus de travail, un appartement confortable, un petit ami ravi de ne plus subir mes crises d’angoisse, mes silences ou mes hurlements de plus en plus systématiques à mon retour du bureau. Pour lui, il a enfin trouvé la « vraie » Reuz, enfin celle qui lui convient : calme, disponible, moins convoitée. Mon attitude et mes réactions professionnelles font pourtant partie de ma « vraie » personnalité, celles que l’on est forcé d’avoir lorsque l’on fait face à des gens et des attitudes que l’on ne choisit pas … .

 

Il est vrai que globalement (il s’agira dans tout ce que je vais écrire de ne jamais faire de généralités, j’y reviendrai dans un chapitre ultérieur), les femmes ont plus facilement et plus fréquemment cette capacité à tout prendre sur leurs épaules et tellement à cœur que les jérémiades et petages de plombs sont souvent à la hauteur de l ’affect  mis dans leur travail.

 

J’ai donc décidé d’arrêter de travailler. Je viens d’avoir 36 ans. L’heure des bilans et des choix. 11 ans de dévotion corps et âme à MON entreprise. Celle qui a eu la délicatesse de me payer pendant toutes ces années et à qui naturellement je dois ma vie, mes soirées, mes nuits… Elle qui en réalité ne m’a rien demandé du tout. Sauf de répondre très favorablement à mon désir d’engagement et d’investissement.

 

Si un sondage IFOP/SOFRES avait du établir la liste des personnes susceptibles de faire un burn out au sein de ma boite j’aurais sans doute été citée à la 88ème place sur 100. Et bien non, je suis la 1ère, medaille d’or et championne toutes catégories : course de fond, tir à l’arc, aviron (ramer je connais bien), kick boxing  et sauts de haies.

Bonne élève et bonne prof : assumer le manque d’initiative, de réflexion et la peur de mes boss face à n’importe quel sujet (« envoie –t-on des invitations par mail ou par courrier ? » « Soyons fous passons au mail » « tu es certaine que les invités ne vont pas être vexés ? ») / ne pas répercuter ces aberrations et changements de décisions incessants auprès de mes équipes pour qu’ils puissent un peu avancer sereinement.

 

Le sandwich donc. Le manager opérationnel de merde. Pas assez haut pour prendre des décisions et ne faire que les prendre (ou semblant de les prendre mais en tous cas une  position qui allège considérablement le temps de travail hebdomadaire). Trop bas pour s’affranchir de l’opérationnel du type (« allez on vérifie les fichiers clients un à un, je sais il est 20H », « on se refait une passe sur les 99 slides pour voir ce qu’on peut alléger »).

Normalement après quelques années de cette position merdique, on accède au statut professionnel suivant,  tant convoité : les politiciens (« pas de problèmes je défends notre dossier en comité de direction » « bah finalement on m’a dit niet donc on fait pas… »).

Perspective réjouissante d’évolution lorsqu’on a un minimum d’éthique, de valeur et d’orgueil. Je vais devenir une « sans avis », « sans courage » (toute forme de courage et d’initiative a logiquement une chance d’échouer alors que le no action ne pourra jamais être sévèrement réprimandé).

Hors de question. Je suis trop jeune, j’ai encore un minimum d’envie, de croyances et de fierté.

Enfin plus ce jour là. 23 décembre 2011, je craque, je suis à bout. J’ai perdu 4 kilos. Ines s’incruste chez moi « tu n’y retournes pas ». Je ne m’étais jamais posée la question. Je dis oui oui… puis réfléchis… évidemment, c’est la solution. Au moins jusqu’à la fin de l’année.

Cela fait aujourd’hui 8 mois que je suis arrêtée. Les médicaments, le temps et le soutien de mes proches m’ont permis de me rétablir. Presqu’entièrement. Je ne sais pas si l’on se remet complètement de ce genre de choses. Ou du moins on n’est jamais plus pareil. Trop de choses que l’on ne veut pas refaire de la même façon, de la relation aux autres à ses propres modes de fonctionnement. Je serai différente.

Je ne me mettrai plus autant la pression (tous les maux du monde sont liés à moi donc je dois TOUT contrôler), je reverrai à la baisse mon exigence (95% des gens n’attendent pas un travail remarquable mais juste bien fait, en temps et en heure), je ne vivrai plus la reconnaissance de la hiérarchie et des autres comme unique source de satisfaction et d’existence.

En fait, je veux juste réussir à ne pas trop en faire et à ne pas m’en vouloir pour ca.

En un mot : ne plus culpabiliser pour rien.

 

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